Colin Barras
- il y a 1 jour
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La vie de Paramédic à Québec

Colin :

Il est 6h00, mon réveil sonne et je me mets en route pour mon premier jour d’ambulance en terre Canadienne. Nous sommes à 15 minutes à vélo de la centrale. Arrivée sur les lieux, je suis accueilli par Serge et Sylvain, mes deux référents de stage.

Serge est paramédic depuis 30 ans, il connait très bien le secteur et conserve l’envie de bien faire pour le patient. Il me répétera souvent : on travaille pour le bien du patient !

Sylvain a été infirmier puis paramédic. Il a travaillé durant 20 années comme professeur à l’école de paramédics de Québec. Il est super heureux de m’accueillir et me pose beaucoup de questions.

Québec est une ville de 800'000 habitants répartie sur un large territoire. Le système de soins compte six hôpitaux principaux dans lesquels les paramédics doivent amener les patients selon le motif de l’appel.

Dès le premier jour, je me sens en confiance. Le matériel est le même que celui que nous avons en Suisse. La manière d’évaluer le patient ABCDE est semblable à ce que nous avons appris en Suisse. Dès le deuxième jour de stage, je fais des prises en charge. Sylvain et Serge sont bienveillants avec moi, nous discutons des différences entre nos protocoles respectifs. Ces échanges sont très enrichissants autant pour eux que pour moi.

Le rythme des interventions est plus soutenu qu’en Suisse, je fais 4 à 5 « calls » sur une journée de 10:00. Mes horaires de travail sont les suivants, je travaille le lundi-mardi-mercredi-jeudi de 07:30 à 17:30. À Québec, il n’a pas de vie de centrale comme en Suisse. Après le contrôle du véhicule, l’ambulance se rend sur des points de services. Les points de services sont des parkings à différents lieux stratégiques de la ville, souvent au bord des autoroutes. Les ambulances peuvent être déplacées sur différents points de services en fonction du manque d’ambulances dans certains lieux de la ville.

Je découvre un problème inexistant en Suisse, la rétention à l'hôpital. Lorsqu'une ambulance arrive à l'hôpital, il faut attendre en 15-20 minutes pour être trié avec un patient stable. Une fois le tri effectué, les paramédics doivent attendre avec leur patient jusqu'à qu'une civière se libère. En débute de journée, les temps d'attentes sont relativement courts, mais en fin de journée, nous pouvons attendre 2-3 heures avant de pouvoir installer notre patient. Personnellement, le temps d'attente au maximum était de 2 heures et demi. Je me suis senti impuissant face à la situation et désolé pour la patiente.

Durant nos jours de congés, nous profitons de visiter la ville et ses alentours. Nous nous intéressons également à l’histoire de la région en visitant des musées et une réserve des peuples autochtones du Québec.

Nous terminons notre stage à Québec le 29 août après cinq semaines de stages. Nous décidons avec Léonard d’organiser une raclette avec nos référents de stage, Pierre-Olivier et Audrey-Ann ainsi que leur famille. Trouver un four à raclette suisse authentique et des demi-meules n’est pas une mince affaire de l’autre côté de l’océan Atlantique. Après de nombreuses recherches, nous trouvons notre bonheur. Nous passons une superbe soirée remplie de rires et d’émotions, je dois bien l’avouer je suis triste de quitter Québec, car je m’y sentais comme à la maison.

Léonard :

Nous sommes accueillis gratuitement par deux paramédics travaillant à Québec. Pierre-Olivier et Audrey-Ann, ils travaillent dans l’autre entreprise d’ambulance de la ville. Après les avoir aidés à déménager dans leur nouvelle maison, nous nous installons au sous-sol chacun dans notre chambre. Depuis le début de notre stage, nous découvrons la mentalité accueillante des québécois, leur volonté de nous faire profiter et découvrir chaque recoin du Québec est incroyable. À peine installés, nous sommes emmenés visiter les alentours de Québec, dans plusieurs festivals, dont celui de la bière. Nous finissons même par une visite des vignobles de l’ile d’Orléans.

Mon horaire de stage pour les cinq semaines à Québec était de 16:30 à 00:30 du lundi au vendredi. Le premier jour de mon stage, j’ai rencontré mes deux référents : Emmanuelle et Guillaume. Avant le premier appel, l’équipe voulait absolument me montrer une « institution Canadienne », nous sommes allés prendre un Café au Tim Hortons, une chaine de restauration rapide très rependue au Canada.

La manière de travailler étant relativement proche de la nôtre, l’équipe m’a laissé prendre en charge mes premières interventions dès le 3ème jour. L’encadrement est semblable à celui fait dans les entreprises en Suisse, un débriefing est effectué après chaque intervention avec les points positifs et les points à améliorer. Malgré la différence de pratique et le nombre réduit de délégation, les retours sont constructifs et nous apprenons beaucoup de l’expérience des paramédics qui nous encadre.

Nuit en ambulance avec Audrey-Ann et sa collègue

Le champ de pratique des paramédics canadiens est régie par la province, équivalent du canton suisse. Tous les paramédics de la province ont les mêmes compétences sur le terrain. Leur formation comprend 2200 heures sur trois ans. Une fois leur diplôme obtenu, ils travaillent de manière autonome. Comme en Suisse, ils travaillent en binôme dans une ambulance. Ils sont autonomes dans la gestion de l’immobilisation et de la relève, ainsi que du traitement des menaces vitales. Ils ne posent pas d’accès vasculaires. Les médicaments qu’ils peuvent administrer sont limités à l’aspirine, l’isoket, du glucagon, du salbutamol et de l’adrénaline sur des réactions anaphylactiques. En Amérique du Nord de manière générale, il n’y a pas de SMUR, les paramédics sont autonomes dans la prise en charge de bout en bout. Ils sont seuls pour amener le patient à l’hôpital. Dans certaines interventions très instables, un superviseur se déplace pour aider à l'équipe ambulancière. Le superviseur est un paramédic sans compétences supplémentaires, cependant il possède un Lucas dans son véhicule.

La suite dans le prochain épisode… Notre stage à Drummondville 😊