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Madagascar : un mois de stage et beaucoup de questions.

Par Léa et Joëlle - étudiantes de 3ème année.


Depuis bientôt un mois que nous sommes en stage ici. Les interventions s’enchaînent et notre petite vie ici aussi. À la suite des réactions de nos proches lorsque nous expliquons notre réalité, nous nous apercevons qu'il est difficile de se projeter. Ainsi allons essayer avec ce petit texte de reprendre les dix grandes thématiques et les différences que nous vivons. 



1. Vazah: nous sommes blanches de peau, c’est affiché. Concrètement ce sont des regards constants sur nous, des interrogations, des paroles en français, parfois bienveillantes et parfois moins (souvent en malgache)… Ici, nous sommes comme des extraterrestres, c’est très perturbant. C’est également une prise de risque, les personnes qui nous encadrent nous demande de faire très attention, car en tant qu’européennes, nous sommes des cibles (ce qu’on peut comprendre). Mais, même dans la voiture, nous ne pouvons pas sortir nos téléphones pour filmer sans fermer les fenêtres… 




2. Sécurité: le sujet suivant découle du premier: notre sécurité. Ici même les locaux craignent de sortir seul le soir, particulièrement les femmes. Il y a régulièrement des passages à tabac et les malgaches nous parle beaucoup d'armes à feu qui ne sont pas réglementées. 

Concept de sécurité perso en intervention : nous portons des gants et un FFP2 par principe, le reste de nos notions de sécurité sont inexistantes: pas de boîtes à aiguilles, désinfections approximatives, ceintures de sécurité inexistantes (en même temps, nous sommes debout avec le patient derrière)…


3. Croyance: la religion principale est le catholicisme, très pratiquée, nous le voyons le dimanche. C’est vraiment beau. D’ailleurs les autres religions sont très peu représentées. Les évangélistes sont considérés comme une secte, et si nous avons bien compris, l’homosexualité est toujours interdite par la loi. La superstition fait encore grandement partie des croyances avec, par exemple, les sorcières qui dansent sur les tombes la nuit (une des raisons pour lesquelles les locaux ne veulent pas rentrer seuls).

 

4. Politique: au niveau politique, il y a énormément de corruption, avec des coups d’États tous les 5-10 ans. Le programme politique n’existe pas ou n’a aucun sens. L’exemple est la construction d’un téléphérique au milieu d’Antananarivo. Alors que la moitié des routes nationales ne sont plus praticables et que la famine est présente dans la moitié du pays… on sent des tensions chez la population par rapport à cela. 



5. Hôpitaux: comment expliquer ceci ? Aujourd’hui, j'ai eu envie d’écrire ce texte suite à ce constat. Je suis entrée dans un hôpital et je me suis dit: si c’est ici ainsi, comment c’est à Gaza ? En ayant peur. Nous n'avons pas le droit de prendre des photos et franchement, je comprends pourquoi. Comme autre exemple, ils voulaient poser une voie avec, comme garrot, un gant… 

6. Normes de santé: le rapport à la santé est largement différent, une bonne espérance de vie est à 65 ans. D’ailleurs les maladies cardiovasculaires sont très peu fréquentes, les personnes sont toutes très actives. Ici tout coûte très cher, donc il arrive souvent qu’un AVC ne soit pas investigué. Les personnes transportent des blessés graves en voiture, car l’ambulance coûte trop cher et n’est pas dans leurs coutumes… 

7.  Valeurs par rapport à la mort: les corps sont gardés à la maison quelques jours jusqu’à l’enterrement. Cela coûte cher parce que la famille doit payer de la nourriture pour les personnes qui viennent faire les hommages. Chez les malgaches, la tradition est de faire une fête chaque deux ans, en ressortant les corps et en remettant des linceuls. De nouveau, cette tradition coûte très cher à la famille qui doit nourrir tous les invités. Nous en voyons fréquemment. 


8. Pollution: perso, je crois que cela fait partie des aspects qui me choquent le plus. La sensation de grattement permanent dans la gorge, dû au pot d’échappement noir… Ainsi que les bœufs qui broutent dans un champ de plastique ou encore les feux de plastique. Bien sûr, on m’avait prévenu, mais c’est la première fois que je vois ça de mes yeux: une ville qui fume d’elle-même.

9. Nourriture: sans grand étonnement, nous mangeons principalement du riz. Nos hôtes nous font découvrir les plats malgaches, souvent du manioc, de vary amin’n’y anana (soupe de riz) accompagné de viande et de breith.



10. Éducation: certains enfants vont à l’école uniquement pour avoir un repas chaud, d’autres ont le rêve de pouvoir étudier. Beaucoup veulent partir. Le rêve, c'est de partir travailler en Allemagne (la France n'a pas laissé que de bons souvenirs ici…) 

Langue : pas tout le monde parle français et nous apprenons le malgache. Cela donne parfois des choses étonnantes comme Joëlle qui a fait rire tout le monde en disant Lélé (pour Léa) qui ici veut dire "putain". 


Voilà notre réalité, c’est quelques petites différences, mais au total, c'est énorme !


Nous partons le 24 septembre découvrir l’île, après 1775 heures de stage (à faire du 24 heures sur 24 au quotidien, ça va vite) et nous nous réjouissons de vous faire découvrir une autre facette de Madagascar.

Léa et Joëlle



 

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