Le métier d'ambulancier est certes un métier passionnant mais qui implique certains risques en matière de santé. Stress, travail de nuit, repas sur le pouce entre deux interventions sont autant de facteurs qui ont une influence sur la santé.
Durant nos interventions, il peut y avoir une dose de stress plus ou moins importante. Le stress est bien connu comme facteur de risque cardiovasculaire mais il a aussi un impact sur la survenue de cancer [1]. Antonova et ses collègues en 2011 [2] ont publiés une revue de littérature qui explique les liens entre stress et cancer du sein. Une méta analyse récente [3] montre également l’impact du stress psychologique sur la survenue de cancer lors du vieillissement cellulaire. Les auteur-e-s concluent « que les facteurs psychosociaux peuvent être considérés comme des facteurs de risque pour certains types de cancer et jouent un rôle clé dans le processus de vieillissement cellulaire ».
A propos du sommeil, une récente étude a montré une association entre travail de nuit et cancer du sein chez les infirmières. Ce risque augment après 5 à 6 ans de travail de nuit[4]. Trois heures de travail entre 17:00 et minuit est également associé à la survenue de cancer du sein (OR 1.12 95% CI 1.00-1.25). Ce risque augmente encore chez les femme pré ménopausée (OR 1.26. [1.06-1.51], lorsque le travail de nuit dépasse dix heures OR1.36 [1.07-1.74], lorsqu’on travaille plus de 3 nuits par semaine OR 1.80 [1.20-2.71]. Au-delà de 10 ans de travail de nuit avec une exposition de plus de 3 fois par semaine, ce risque est 2,5 plus important ! (OR 2.55 [1.03-6.30]) [5]
Une alimentation équilibrée, favorise la santé. Manger correctement est parfois difficile quand les interventions se succèdent. Le recours à des aliments disponibles dans des automates à la qualité nutritionnelle discutable ou pire encore un fast-food avec des produits ultra-transformés contribue également à l’augmentation du risque de cancer. Dans une grande étude de cohorte incluant plus de cent-mille personnes en France, une augmentation de 10% de la consommation de produits ultra-transformés augments de plus de 10 % le risque de cancer du sein. Alors que la consommation régulière de produit biologique réduit ce risque [6]. A ce sujet, les étudiantes et étudiants suivent un cours de nutrition lors de leur première année de formation (ndlr: et beaucoup d'ambulancières et ambulanciers s'alimente très bien).
Nous sommes également exposés quotidiennement à de nombreux produits de nettoyages ce qui constitue une exposition professionnelle répétée (plus particulièrement en cette période de pandémie ou la désinfection du matériel de soins est cruciale) à des agents toxiques. Bien que nous utilisons du matériel de protection, le risque d'inhalation, de contact avec la peau reste présent.
Ces multiples facteurs de risques se cumulent au fil des journées et des années, c'est pourquoi, nous, étudiant.e.s de l'école supérieure de soins ambulanciers de Genève, souhaitons à travers deux actions distinctes montrer notre soutien à la recherche de telles pathologies auxquelles nous seront peut-être exposés.
Premièrement durant le mois d'octobre qui est dédié à la prévention et l'information du cancer du sein (https://octobrerose-geneve-nyon.ch/ ) nous invitons toutes les étudiantes et étudiants, enseigantes et enseignants et autre personnel technique et administratif de l'ESAMB à venir le lundi 18 octobre en cours avec un accessoire rose ou un ruban rose.
Deuxièmement, pendant la totalité du mois de novembre, les personnes qui le souhaitent participeront au challenge "movember". L'idée est de porter fièrement la moustache pour sensibiliser le plus grand nombre à cette action qui a pour but de mettre en avant la santé masculine (pour plus d'informations: https://ch.movember.com/fr/about/cause).
Ces deux actions ont pour but de mettre en avant des valeurs qui sont chères à l'ESAMB & l'AESP, la mise en avant des risques inhérents au métier d'ambulancier-ès, l'information au plus grand nombre d'associations qui méritent d'être soutenue pour leurs engagement respectifs.
C'est pourquoi l'AESP (Association des étudiants en soins préhospitaliers) a créé des pages de récolte de dons pour chacune des associations. Si le cœur vous en dit nous vous serions très reconnaissant d'accompagner les élèves de l'ESAMB dans leurs récoltes de fonds.
Movember: https://ch.movember.com/fr/team/2399429
Pour le comité de l’AESP
Lou Rauss et Benjamin Orange
Pour l’EsAmb
Florian Ozainne
Bibliographie
[1] Yang T, Qiao Y, Xiang S, Li W, Gan Y, Chen Y. Work stress and the risk of cancer: A meta-analysis of observational studies. Int J Cancer. 2019 May 15;144(10):2390-2400. doi: 10.1002/ijc.31955. Epub 2018 Dec 8. PMID: 30484859.
[2] Antonova, L., Aronson, K. & Mueller, C.R. Stress and breast cancer: from epidemiology to molecular biology. Breast Cancer Res 13, 208 (2011). https://doi.org/10.1186/bcr2836
[3] Kruk J, Aboul-Enein BH, Bernstein J, Gronostaj M. Psychological Stress and Cellular Aging in Cancer: A Meta-Analysis. Oxid Med Cell Longev. 2019 Nov 13;2019:1270397. doi: 10.1155/2019/1270397. PMID: 31814865; PMCID: PMC6877941.
[4] Fagundo-Rivera J, Gómez-Salgado J, García-Iglesias JJ, Gómez-Salgado C, Camacho-Martín S, Ruiz-Frutos C. Relationship between Night Shifts and Risk of Breast Cancer among Nurses: A Systematic Review. Medicina (Kaunas). 2020 Dec 10;56(12):680. doi: 10.3390/medicina56120680. PMID: 33321692; PMCID: PMC7764664.
[5] Cordina-Duverger E, Menegaux F, Popa A, Rabstein S, Harth V, Pesch B, Brüning T, Fritschi L, Glass DC, Heyworth JS, Erren TC, Castaño-Vinyals G, Papantoniou K, Espinosa A, Kogevinas M, Grundy A, Spinelli JJ, Aronson KJ, Guénel P. Night shift work and breast cancer: a pooled analysis of population-based case-control studies with complete work history. Eur J Epidemiol. 2018 Apr;33(4):369-379. doi: 10.1007/s10654-018-0368-x. Epub 2018 Feb 20. PMID: 29464445.
[6] Baudry J, Assmann KE, Touvier M, Allès B, Seconda L, Latino-Martel P, Ezzedine K, Galan P, Hercberg S, Lairon D, Kesse-Guyot E. Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk: Findings From the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study. JAMA Intern Med. 2018 Dec 1;178(12):1597-1606. doi: 10.1001/jamainternmed.2018.4357. Erratum in: JAMA Intern Med. 2018 Dec 1;178(12):1732. PMID: 30422212; PMCID: PMC6583612.
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